Comment devenir un leader ? Vous avez peut-être déjà toutes les cartes en main, mais ce sont des idées reçues qui vous bloquent. Ces croyances sont sournoises, tenaces et bloquantes. Rétablissons la vérité sur le leadership, car vous êtes peut-être un leader qui s’ignore.
1ère idée reçue :"Le leadership, c’est inné"
L’inné et l’acquis : voilà une grande question. Les écrits montrent que l’intérêt pour le leadership existe au moins depuis l’antiquité. Cependant, les premières recherches scientifiques sur le sujet datent de quelques décennies seulement. Ces recherches concernent plusieurs domaines : génétique, psychologie, sociologie… Soyons clairs : il n’y a pas, à ce jour, de consensus scientifique sur le caractère naturel ou contextuel du leadership. Fuyez ceux qui affirment que le leadership est 100 % inné, ou au contraire 100 % acquis.
Les études tendent à montrer que certaines caractéristiques pourraient prédisposer au leadership. Mais elles ne permettent en aucun cas de prédire si telle ou telle personne deviendra à coup sûr un leader. Ainsi, quel que soit votre caractère, quels que soient vos défauts et vos qualités, mettez-vous au travail ! Travaillez sur vous. Développez vos compétences. Saisissez toutes les opportunités pour mettre en pratique ce que vous avez appris. C’est ce travail qui vous permettra peut-être un jour d’être considéré comme un leader.
2e idée reçue : "Le leadership est l’apanage des dirigeants ou des managers"
Si vous êtes manager, vous n’êtes pas forcément un leader
Un manager est un encadrant gestionnaire. C’est lui qui va donner le cadre, le respecter et le faire respecter. C'est une question de processus et de discipline.
Le leader a toujours en tête les enjeux de performance de l’organisation pour laquelle il travaille. Il est responsable et sait faire preuve d’exemplarité et de discipline. Il est capable de définir une vision et de la partager très clairement. Mais, un leader fait tomber le cadre s’il pense que l’organisation a quelque chose à y gagner. Il ose prendre des risques, il sort du cadre et accompagne les autres en dehors du cadre. C’est ce mélange de discipline et d’entrepreneuriat qui le rend inspirant. « Pour en savoir plus sur ce thème, je vous invite à lire le livre Good to Great de Jim Collins. Ce livre donne à voir la différence entre manager et leader de manière claire. Et surtout, il offre une vision que je trouve excellente du leader idéal, celui dit de niveau 5, humble certes, mais terriblement efficace et performant », recommande Fatou NDIAYE, directrice de projet chez TESMA.
Si vous n’êtes pas manager, vous êtes peut-être déjà reconnu comme un leader
Le leadership se manifeste en situation, dans l’action. Peu importe votre fonction dans l’entreprise, votre leadership peut être perçu par votre entourage du fait de votre posture face à des problèmes, votre équité dans le traitement de la différence, votre force de résistance à la pression ou encore votre capacité à innover en embarquant des gens sans pour autant chercher à en tirer un profit personnel… Autant de conditions, en plus des 7 caractéristiques clés, qui feront qu’on vous reconnait comme tel, malgré vous !
Autre croyance à faire tomber : ce n’est pas parce que vous êtes dirigeants de votre entreprise, de votre business unit, ou tout simplement membre d’un Codir ou d’un Comex que vous êtes perçu comme un leader par les autres. Un leader n’est pas forcément un dirigeant.
3e idée reçue : "Mon organisation m’empêche de développer mon leadership"
Certaines organisations sont encore très pyramidales, et la hiérarchie y est prépondérante. « Ces organisations sont parfois tentées d’empêcher l’émergence des leaders, parce qu’elles en ont peur. Comment ? En contrôlant et validant toutes les actions des collaborateurs, en rejetant toute idée d’amélioration si elle vient des salariés, en refusant l’accès à certaines formations, etc. », explique Fatou NDIAYE, directrice de projet chez Tesma. Cette entreprise (au sens propre comme au sens figuré) est vouée à l’échec.
Votre organisation peut vous mettre des bâtons dans les roues. Elle peut vous rendre la tâche plus difficile. Mais elle ne peut pas vous empêcher de travailler sur vous. Elle ne peut donc pas vous empêcher de développer votre leadership, si tel est votre désir.
4e idée reçue :"Je ne corresponds pas au modèle de leader"
Non, il n’existe pas de modèle de leadership. Il existe autant de leadership que de leaders. Vous ne pouvez ni modéliser ni institutionnaliser ce qui est singulier. « Une direction qui souhaite développer le leadership dans son organisation a plutôt intérêt à laisser de la place pour la différence. L’organisation doit permettre à chacun d’être soi-même au travail », préconise notre experte.
5e idée reçue : "Il ne peut y avoir qu’un seul leader dans un groupe"
La croyance générale veut qu’un leader est propriétaire d’un territoire précis, où il, ou elle, exercerait son autorité, voire sa toute-puissance. Mais le leadership peut être partagé, surtout si on le décorrèle de la notion de management.
Par exemple, un leader peut être un jeune activiste qui fait bouger son entreprise en proposant une innovation que personne n’avait vu venir, mais que toute une cohorte d’âge attendait avec impatience. Son leadership pourra venir en complément du leadership de la personne qui lui donnera les moyens d’exprimer, tester et lancer son idée en se battant pour lui, sans chercher à la récupérer.
Un manager peut devoir gérer plusieurs profils de leader dans son équipe sans pour autant être décrédibiliser. S’il sait utiliser ces forces, il peut faire équipe et démultiplier ses chances de réussite sur les projets et la fédération des équipes. C’est certes difficile à manager au quotidien, mais avec un peu d’innovation managériale, il s’en sortira très bien !
Une autre question se pose dans cette recherche à tout prix du développement de son leadership : est-ce que tout le monde doit devenir leader ? Non. Les organisations doivent permettre à chacun de s’épanouir en étant soi-même au travail. Et elles doivent aussi accepter que certains ne veulent pas prendre le leadership au travail. Inutile de forcer ces personnes, même si on détecte chez elles un sérieux potentiel. Certains apprécient rester dans lombre. Certains veulent rester dans leur zone de confort. Certains préfèrent révéler leur leadership en dehors du travail, dans le cadre d’une activité sportive, culturelle, ou d’une mission associative par exemple. Ainsi, pour développer votre leadership, vous devez d’abord en avoir envie.
6e idée reçue : "Je ne suis pas assez bienveillant(e) pour devenir leader "
Un leader bienveillant est un leader aimé et juste. C’est donc une qualité essentielle mais « l’injonction à la bienveillance est parfois excessive aujourd’hui, et si on la confond avec la notion de compassion, je suis d’avis qu’il faut savoir la doser correctement, » prévient Fatou NDIAYE.
Selon le dictionnaire Le Robert, la bienveillance est une "disposition favorable à légard de quelqu’un". Si cette disposition à l’égard d’autrui n’est pas naturelle mais répond à une injonction de bonheur au travail, elle risque de produire l’effet inverse en générant de la méfiance, voire brider notre jugement ou limiter les échanges sincères. Il ne faut pas oublier que la bienveillance est une capacité naturelle que l’on doit aussi apprendre à réguler pour rester ferme dans les situations critiques. Bienveillant n’est pas faible ou mièvre mais juste et ouvert à la différence.
Si un leader doit être capable de mettre son jugement de côté pour identifier ses propres paradoxes, ses propres représentations, et aider son entourage à faire de même. En revanche, il ne peut pas changer sa nature profonde, surtout s’il n’a jamais appris à reconnaitre la singularité de l’autre au fil de sa trajectoire vers les sommets de l’organisation. Donc la bienveillance peut s’apprendre dans le cadre de formations Soft Skills, pour améliorer ses interactions. Mais pour modifier profondément sa nature, c’est une autre histoire. Un leader charismatique est souvent quelqu’un qui sait créer de vraies relations uniques avec tous. Est-ce de la bienveillance ? Difficile de le savoir.
7e idée reçue : "Je doute de mes capacités" ou "C’est trop tard pour moi"
Est-ce que vous croyez que vous ne pouvez pas accéder au leadership parce que vous n’avez pas fait les bonnes études ? Parce que vous êtes en fin de carrière ? Parce que vous êtes jeune ? Parce que vous êtes une femme ? … Il est temps d’en finir avec les regrets !
Si vous avez des doutes, ils peuvent être un bon point de départ pour prendre le chemin du leadership. En effet, le socle de base du leadership, c’est le développement personnel et la connaissance de soi. « Tout ce que vous avez fait, tout ce que vous avez vécu, tout ce que vous êtes peut devenir une force pour libérer votre potentiel et faire de vous un leader… malgré vous ! », assure M. SARR.